Rumonge : CREOP-Jeunes donne les clés de l’autonomisation aux femmes victimes des VBG.
- 6 décembre 2024
- Envoyé par : Creop Jeunes
- Catégorie: Actualités
Le 5 décembre 2024, CREOP-Jeunes a organisé une activité de sensibilisation dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG). Cette activité, stratégiquement conçue et mise en oeuvre par CREOP, a intégré des actions musclées allant de la réflexion sur les symboles entourant la lutte contre les VBG, aux discussions sur les différentes formes de VBG, jusqu’à l’autonomisation des femmes à travers la création d’un groupement, l’élaboration d’un plan d’affaires initial, et l’octroi d’un financement. Cet événement, qui s’est déroulé dans les bureaux de CREOP à Rumonge, a rassemblé des femmes de la communauté pour discuter des enjeux cruciaux et trouver des solutions concrètes pour lutter contre les violences basées sur le genre.
Réflexion sur le Symbole de la Couleur Orange et les 16 Jours d’Activisme
La couleur orange est devenue un symbole puissant de la lutte contre les violences basées sur le genre, particulièrement pendant les 16 jours d’activisme. Lors de cette journée, les participantes ont partagé leurs réflexions sur ce symbole. Pour beaucoup, l’orange représente un appel à l’action, une façon de revendiquer les droits des femmes et de sensibiliser la communauté aux enjeux cruciaux des VBG.
Certaines ont souligné que le choix de cette couleur va au-delà de l’esthétique. Tandis que certains portent du orange simplement pour son élégance, d’autres en comprennent la signification profonde. “Porter du orange, c’est porter un message,” a déclaré l’une des participantes. Cependant, il est essentiel de reconnaître que de nombreuses personnes ignorent encore ce que représente cette couleur pendant les 16 jours d’activisme.
Les femmes ont également discuté du fait que les violences basées sur le genre ne se limitent pas à cette période. Les 16 jours d’activisme ne sont qu’un rappel de leur lutte continue. Comme l’a souligné une participante, “la violence ne prend pas de pause, donc notre engagement doit se poursuivre au-delà de cette période symbolique.”
Cette réflexion a permis de renforcer le sentiment d’unité et de solidarité parmi les femmes, qui ont convenu de l’importance de sensibiliser leurs communautés sur les réalités des VBG tout au long de l’année, et pas seulement pendant ces jours d’activisme.
Échanges sur les Formes de VBG
Au cours de cette journée, les participants ont eu l’occasion d’échanger sur les diverses formes de violences basées sur le genre. Les discussions ont révélé des réalités troublantes, notamment :
- Violences sexuelles : Les femmes ont partagé des expériences de viol et d’agression, souvent commises par des partenaires. Une participante a évoqué comment des maris insistent pour avoir des relations sexuelles avec leurs épouses sans leur consentement, soulignant que “le consentement doit toujours être au centre de toute relation.”
- Violences émotionnelles : Les témoignages ont également mis en lumière la violence psychologique, où de nombreuses femmes se sentent contrôlées et humiliées. Une femme a déclaré : “Des maris insultent fréquemment leurs épouses, et cela affecte leur confiance en soi.”
- Violences économiques : Les discussions ont abordé la prise de contrôle des finances familiales par certains conjoints. Une participante a expliqué que des femmes sont fonctionnaires, mais que leurs maris décident de la manière dont elles dépensent leur argent.
- Mariages forcés : Une autre histoire marquante a été celle d’une jeune fille mariée à un homme vivant à l’étranger, après le paiement d’une dot. “Elle n’avait pas son mot à dire, et elle a dû épouser quelqu’un qu’elle ne connaissait pas,” a-t-elle révélé.
Témoignages de Victimes
Les témoignages des victimes présentes ont profondément ému l’auditoire. Une jeune femme a partagé son expérience d’agression par un homme avec qui elle sortait. “Il m’a convaincue qu’il était malade et m’a enfermée chez lui,” a-t-elle raconté. Son récit a mis en lumière l’importance de la sensibilisation et du soutien communautaire pour les victimes de VBG.
Une autre participante a évoqué comment elle avait été maltraitée par sa belle-mère et était tombée enceinte sans le vouloir, puisque celui qui l’a mise enceinte a profité de sa situation de vulnérabilité. “Je n’avais pas les moyens de me vêtir correctement, mais grâce à une certaine coopérative, j’ai pu démarrer une activité génératrice de revenus,” a-t-elle expliqué, illustrant ainsi l’impact positif du soutien communautaire sur la résilience des femmes.
Autonomisation économique : un bouclier contre les violences basées sur le genre
Lors des échanges, l’autonomisation économique a été abordée comme un facteur permettant de faire face à la vulnérabilité qui conduit à devenir victime de violences basées sur le genre. Dans ce cadre, CREOP-Jeunes a lancé un nouveau groupement pour les victimes de VBG à Rumonge, dans le but de les autonomiser financièrement. En effet, l’indépendance financière permet aux femmes de prendre le contrôle de leur vie et de leurs décisions. En les orientant vers la création de leurs propres activités génératrices de revenus, CREOP-Jeunes vise à réduire leur vulnérabilité face aux violences.
Les participantes ont été guidées dans l’élaboration de plans d’affaires. Elles ont démontré leur capacité à construire des projets viables, notamment dans la production de crêpes et de beignets, et ont donné un nom à leur nouveau groupement, ‘Dufashanye’. Ces plans d’affaires ont été bien élaborés, intégrant les coûts de production, les stratégies de vente et la gestion des finances. Les femmes ont également identifié les ressources nécessaires et les marchés cibles pour leurs produits, et elles ont nommé les organes directeurs.
Soutien Financier et Suivi
Le soutien financier total de 900 000 FBU a été annoncé, permettant au nouveau groupement de femmes de démarrer bientôt leurs activités. Une première tranche de 450 000 FBU a été attribuée comme capital initial. “Ce capital initial nous donne l’opportunité de prouver que nous pouvons réussir et surmonter les obstacles,” a affirmé une bénéficiaire.
Le suivi par CREOP-Jeunes sera essentiel, avec une évaluation prévue dans trois mois pour déterminer les progrès réalisés et envisager un financement complémentaire. Ce soutien continu renforcera leur capacité à générer des revenus et à améliorer leur qualité de vie.
Nos divers bureaux locaux au service de la communauté
L’activité du 4 décembre a été un moment fort de sensibilisation et d’émancipation. En partageant des témoignages de victimes, en discutant des formes de VBG et en mettant l’accent sur l’autonomisation économique, CREOP-Jeunes s’engage à renforcer ses actions pour approcher les communautés locales à travers ses bureaux situés à Bururi, Gitega et Rumonge. Cela permettra d’étendre la sensibilisation et de créer un impact durable dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Comme l’a si bien dit une participante, “notre lutte est un chemin vers la liberté et l’autonomie.” Ces échanges et cette solidarité sont essentiels pour continuer à lutter contre les violences, non seulement pendant ces 16 jours, mais tout au long de l’année.